GÉNÉALOGIE - 6

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(Texte de Marcel Le Boïté)

ÉNIGME ?

 

François VÉCO est maintenant domicilié à Sinnamary en Guyane. Cette 'ville' est située à 90 kilomètres de Cayenne. Kourou, là où se trouve l'actuelle base de lancement des satellites, est située à mi-chemin entre ces deux villes.

François s'était marié une première fois, mais sa première épouse a dû mourir très jeune. Sa seconde épouse Marie Marguerite Guédry, qu'il épousera le 14 juillet 1767 à Sinnamary, lui donnera six enfants. Elle décédera en 1778. Il épousera alors en 1784 Marie Jeanne Martinet. Le couple aura une fille qui décèdera à l'âge de deux ans. Lui-même décèdera avant 1796 ; il n'avait pas 50 ans.

Il avait avec sa seconde épouse, Marie Marguerite Guédry, une ascendance commune que l'on peut établir de la manière suivante :

 

HÉBERT Jacques (1568 - 1670)

HÉBERT Antoine (v.1621 -  )

HÉBERT Étienne (v.1625 - v.1670)

HÉBERT Catherine (v.1656 -  )

HÉBERT Marie (1651 - 1678)

LEBLANC Marie (1678 -  )

FOREST Gabrielle (1673 - 1710)

CORMIER Marguerite (1706 - 1745)

BRASSEAU Marguerite (v. 1702 - v.1749)

ARSENAULT Anne Marie (1726 - 1758)

GUÉDRY Pierre (1723 - 1759)

VÉCO François (1745 - av. 1796)

GUÉDRY Marie Marguerite (v.1749 - 1778)

 

L'ancêtre commun est donc Jacques HÉBERT (1568-1670). Celui-ci serait-il apparenté avec notre ancienne connaissance Louis Hébert, l'apothicaire-cultivateur ? Certains l'ont cru car Louis avait un frère prénommé Jacques aussi, mais ce dernier n'a jamais quitté la France : il est entré dans les ordres à Paris.

Notre Jacques Hébert est bien né à Paris, mais il a épousé en 1620 Marie Juneau, originaire de Descartes (Indre-et-Loire) où ses deux garçons, Antoine et Étienne, sont nés.

 

Cet apparentement entre François et son épouse ne constitue en rien une étrangeté. C'est très courant encore de nos jours de trouver des cousinages de ce type. Là où l'affaire se complique c'est dans une autre ascendance de Marie Marguerite GUÉDRY.

Elle était la fille de Pierre GUÉDRY et d'Agnès TRIEL dit Laperrière (v.1725-1758). (Voici encore une victime de la déportation de 1758).

(Un frère de Pierre, Charles, a épousé le 13 janvier 1761 à Saint-Suliac, Ille-et-Vilaine, Agnès BOURG.)

Agnès TRIEL était fille de Pierre TRIEL dit Laperrière dit Triquet dit Patron (ouf !) et de Catherine BOURG.

Pierre TRIEL était le fils de Jacques TRIEL dit, etc. (1646-1740), et de Marie SAVOIE (1657-1741)

Enfin Marie SAVOiE était la fille de François SAVOIE (1621-1678) et de Catherine LEJEUNE (1633-1678)

Et c'est ici que les choses se corsent.

 

Où est né François SAVOIE et qui sont ses parents ?

Si vous cherchez dans plusieurs sites généalogiques vous verrez que François Savoie est né à Martaizé (Vienne 86), région de Poitou-Charentes. Ce n'est pas impossible car beaucoup de familles poitevines ont émigré vers cette époque en Acadie.

Autre appréciation : Note: Serait arrivé en Acadie vers 1643. Souche des Savoie au Canada. Nous ne connaissons pas exactement le lieu de naissance de François en France. Nous ne savons pas si François était marié ou célibataire lorsqu'il quitta la France. Toutefois, selon Fidèle Thériault, François serait né de la paroisse de Martaizé dans le Poitou, en France.

 

En 1671 un recensement a été réalisé pour dénombrer les familles vivant dans cette colonie du Canada. Les résultats ont été remis à Colbert, le célèbre ministre de Louis X I V.

Au paragraphe de François Savoie, on lit ceci :

"Laboureur - FRANCOIS SCAVOIS aagé de 50 ans, sa femme Catherine Le Jeune aagée de 38 ans. Leurs enfans neuf, une fille de mariée, Françoise aagée de 18 ans, Les non mariez, Germain aagé de 17 ans, Marie aagée de 14 ans, Jeanne aagée de 13 ans, Catherine aagée de neuf ans, François 8, Barnabé aagé de six ans, Andrée agée de 4 ans, Marie aagée d'un an et demy, bestiaux a cornes 4 piéces, terres Labourables six arpans."

Tâchons de traduire cela en ''bon'' français. (Entre parenthèses : les déductions)

Profession : Laboureur

Prénom NOM : François SAVOIE âge : 50 ans                       (né vers 1621)
Épouse : Catherine LEJEUNE                âge : 38 ans            (née vers 1633)
Leurs enfants : au nombre de 9
Une fille mariée : Françoise                     âge : 18 ans            (née vers 1653)
Les non mariés : 8
- Germain                                                    âge : 17 ans              (né vers 1654)
- Marie 1 (*)                                                 âge : 14 ans              (née vers 1657)
- Jeanne                                                      âge : 13 ans              (née vers 1658)
- Catherine                                                  âge : 9 ans                 (née vers 1662)
- François                                                    âge : 8 ans                 (né vers 1663)
- Barnabé                                                    âge : 6 ans                 (né vers 1665)
- Andrée                                                       âge : 4 ans                 (né vers 1667)
- Marie  2                                                     âge : 1 an 1/2             (née vers 1669)

Bêtes à cornes :       4

Terres labourables : 6 arpents       ( = 205,20 ares = 20 520 m² = env. 2 hectares )

(*) Marie 1 est la fille qui va épouser, vers 1646, Jacques TRIEL dit LAPERRIÈRE...


Le site internet « Francogène » qui enregistre un grand nombre de renseignements sur les Acadiens d'origine, a notamment publié ces informations :

Famille de François SAVOIE & Catherine LEJEUNE

SAVOIE, François (..), laboureur, né vers 1621 (rec. 1671), décédée entre recensement de 1671 et celui de 1678 Port-Royal (Acadie)

Lui : Origine : serait de Martaizé (860149) (nom existe), mais registres lacunaires et aucune trace de lui.

* mariés vers 1651, de.. (Acadie)
LEJEUNE, Catherine, née vers 1633 (recensement de 1671)

 

Dans la travée sous le clocher de l'église de cette commune, une plaque rappelle qu'Antoine Bourg, né à Martaizé en 1609, marié en 1636 à Antoinette Landry, à Port-Royal (Acadie) en Nouvelle-France, est l'ancêtre des Bourg et Bourgue d'Amérique. Aucune mention sur les Savoie.

Origine des Savoie

Tous les Savoie de la Nouvelle France ont deux ancêtres communs... Le premier s'appelle François Savoie, né en 1621 à La Chaussée dans le Poitou en France. Il est arrivé en Acadie vers 1643 avec le gouverneur Charles d'Aulnay. La deuxième est Catherine Lejeune née en 1633 en Acadie, son père étant arrivé en Acadie en 1611 avec le gouverneur Poutrincourt. Sa mère était de sang amérindien. Le jeune couple s'est établi à Port- Royal vers 1650. François et Catherine ont eu neuf enfants. En 1755, lors de la déportation des Acadiens par les Anglais, beaucoup de Savoie se sont enfuis de Port-Royal et se sont, de peine et de misère, installés dans la région du sud-est du Nouveau-Brunswick, entre autre dans la région de Bouctouche

Voici un autre lieu d'origine, La Chaussée ; ça se complique !
Une personne, une américaine, a eu l'idée de chercher plus avant dans la région du Loudunais, au nord du département actuel de la Vienne (86), non loin de Martaizé. Cette personne y a séjourné et elle a pris des photos de deux demeures appelées Grand-Savoie et Petit-Savoie. Malheureusement elle ne donnait pas le nom de la commune. Il est vrai que vue des États-Unis, l'imbrication des petites communes françaises doit être un vrai casse-tête.

Le résultat est surprenant : il existe bien un hameau nommé Savoie sur la commune de Berrie, 260 habitants, (86120). Et ce hameau comporte deux lieux-dits : Grand-Savoie et Petit-Savoie. Les Seigneurs du château qui s'y trouve étaient des Seigneurs d'Amboise et Berrie, passé ensuite à la famille du prince de la Trémoille. Or ce prince a des accointances avec la grande famille des Savoie-Carignan et un régiment portant le nom de ce prince interviendra au Canada. Alors François Savoie est-il allé en Acadie avec ce régiment ? Que nenni ; il ne figure pas parmi les soldats de ce régiment.

 

Portail d'entrée de Grand-Savoie à Berrie (86)

 

 

 

 

Entrée du Petit-Savoie à Berrie (86)

 

Nous voici donc revenus à notre point de départ. Non, pas tout à fait ! L'imagination peut faire le reste. François Savoie serait, 'peut-être', le fils - bâtard - du Prince Thomas François de Savoie, né le 21 décembre 1596 à Turin (Italie) et d'une inconnue (la célèbre inconnue !). Pour éviter un scandale, la femme a dû s'installer dans la paroisse de Berrie, au château, où elle aurait donné naissance vers 1621 à François. Mais alors pourquoi ne trouve-t-on pas trace d'acte de baptême ? D'abord, on sait que les registres paroissiaux manquent ; d'autre part, l'acte a dû être dressé par un chapelain. L'acte a ensuite été soustrait ( ?) pour ne pas faire de tort au Prince qui a épousé, en 1625, Marie de Bourbon-Condé, Comtesse de Soissons. Ils auront quatre enfants.

Mon histoire pourrait s'arrêter là, mais je dois à la vérité ( ? ) de dire que les Acadiens actuels sont plutôt sceptiques sur cette dernière version de l'origine de François Savoie. Les Américains, quant à eux, sont plus enthousiastes, ou tout au moins, font beaucoup de recherches dans toutes les directions afin de trouver des preuves pour l'une ou l'autre version de cette origine.

Je ne voudrais décevoir personne, mais je tire ma conclusion de l'opinion d'une autre américaine très cartésienne : « Most genealogists dream of being able to connect one of their lines to royalty. Unfortunately for those with royal aspirations, it is most unlikely that the François Savoie who married Catherine Lejeune was a nobleman. »

(Beaucoup de généalogistes rêvent d'être capables de relier l'une de leurs branches à la royauté. Malheureusement pour ceux qui ont des aspirations royales, il est fort improbable que François Savoie, époux de Catherine Lejeune, soit noble.)

Bien sûr, car la règle d'or de la généalogie est de prouver par des actes ce que l'on avance.

Que sont devenues les autres branches de la famille Savoie ?

Sauf l'une d'entre elle qui fut déportée et qui a fini par arriver en Louisiane, les Savoie réussirent à se cacher des Anglais qui les pourchassaient. Pendant l'hiver de 1755 ils étaient au camp de l'Espérance de Boishébert à Miramichi. Au printemps la famille Savoie laissa ce camp de misère et se dirigea vers Neguac (Négouac). La plupart trouvèrent refuge grâce aux Amérindiens de la région. De Neguac, les Savoie iront s'établir ailleurs et nous en trouvons un peu partout au Canada et aux États-Unis. Les Savoie constituent une des plus grandes familles acadiennes de la Louisiane, les « Cajuns ». Beaucoup s'appellent Savoie ou Savoy ou bien même pour ceux d'entre eux qui ont perdu leurs noms de famille, le prénom Savoie ou Savoy est donné aux enfants.

Je donne ici le témoignage de Robert Savoie, un Acadien âgé de 75 ans.

« Je suis né le 11 août 1933 dans la ville acadienne de Moncton au Nouveau-Brunswick, sur la rue Archibald.

« Ironie du sort, Moncton tire son nom du général Robert Monckton qui a orchestré le génocide et la déportation des Acadiens en 1755. Ce signe-événement fut pour moi un avertissement dans mon rapport au monde. Toute forme de racisme, de persécution, de répression et d'intolérance est inacceptable pour moi.

« J'avais aussi à me détacher du complexe du persécuté. Oui, mon peuple a été victime d'un génocide et c'est une terrible tragédie. Par contre, j'ai dû me libérer de ma tendance à me percevoir comme victime et à me voir comme inférieur aux Québécois, aux Anglais, aux Américains et aux Français de France (comme on disait). Le «grand dérangement» deviendra alors pour moi une occasion de transformer cet événement infortuné et inacceptable en puissance active et créatrice.

« Moncton est une ville bilingue. Durant toute ma jeunesse j'ai été conscient de la lutte que les Acadiens ont eu à entreprendre pour défendre leurs droits, leur culture et leur langue. Mon père, Calixte Savoie, a été à l'avant-garde de cette lutte, en particulier pour obtenir des écoles françaises en Acadie.

« L'un des aspects positifs de cette situation culturelle est que j'ai appris l'anglais dans la rue. Sur la rue Archibald, il y avait beaucoup de familles franco-acadiennes mais aussi des familles anglophones. L'anglais est donc une langue que je maîtrise très bien et qui me permettra plus tard d'exercer l'un de mes métiers : la traduction. D'autant plus que l'anglais est devenue aujourd'hui la langue internationale de communication.

« L'Acadien n'a pas de pays. On le trouve dispersé un peu partout dans le monde. Dans mon esprit, cela faisait de moi un citoyen du monde et me donnait un grand sentiment de liberté. Ma patrie est là où je suis. Ce signe-événement m'a poussé à établir avec toutes les disciplines (la philosophie, la religion, l'État, la psychologie, la science, l'écriture, etc.) un rapport à la fois chaleureux, libre et indépendant.

« J'ai eu l'insigne chance d'avoir des parents intelligents, dévoués, respectueux et pleins de ressources. J'ai aussi été fortuné de vivre dans une famille de dix enfants, une famille unie et relativement heureuse. Ma mère, Albertine Soucy, est née en 1896 à Saint-Hilaire du Madawaska au Nouveau-Brunswick. Mon père était né en 1895 non loin de Bouctouche d'une famille de 12 enfants. »

J'ajoute que les Acadiens qui demeurent de nos jours en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick ou dans l'île du Prince-Édouard sont tellement fiers de leurs origines françaises qu'ils ont adopté pour emblème le drapeau français tricolore frappé d'une étoile jaune à cinq branches.

  


Pendant la fête des Acadiens le 15 août 2008, à Memramcook (N-B), il y a eu un mariage et tout le monde a défilé en cortège selon la tradition du « Tintamarre ».

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Sources : divers sites internet : Canada, États-Unis, France. Divers arbres généalogiques.

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P
<br /> RECTIFICATIFS:<br /> - Jacques Hébert originaire de Balesmes ou la Haye: annulé (voir www.fichierorigine.com, lire Habert, aucun lien)<br /> - François Savoie ° 1621 Martaizé ou la Chaussée: annulé (pas d'archives:<br /> Bms, contrat d'engagement...)<br /> <br /> <br />
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