Louise de Keroual

Publié le

(Texte de Marcel Le Boïté)

 

Lorsqu’en 2006, Joël RAGUÉNÈS, mon neveu à la mode de Bretagne – fils d’un cousin germain – a sorti son livre intitulé « Lady Louise », il m’a parlé du clin d’œil de l’histoire qu’il  résume dans le dernier paragraphe de cet ouvrage et que je reproduis ici :

« Lorsque le prince William, le fils de Charles et de Lady D., deviendra roi d’Angleterre, Louise aura réalisé son rêve à onze générations de distance, puisque Lady D. est doublement de sa descendance par sa grand-mère Hamilton, tant par les Lennox-Bongham que par Russel-Hamilton, c’est-à-dire à la fois par son petit-fils et par sa petite-fille. »

 

Ma curiosité en a été si piquée que j’ai fait, moi aussi, quelques recherches généalogiques que je vous livrerai sous peu. Actuellement, la ville de Guilers (29) se prépare à réaliser un spectacle son et lumière qui sera joué dans la cour du manoir de Keroual en Guilers les 23, 24 et 25 juin 2011, et intitulé « Le fabuleux destin de Louise de Keroual ».

 

Mais, tout d’abord, pour tous ceux qui ne pourront pas se rendre à ce spectacle, permettez-moi de soumettre à votre curiosité un raccourci de la vie de Louise de Keroual que j’ai trouvé sur un site internet (voir in fine). J’ai conservé bien sûr l’orthographe de son nom. Je n’ai corrigé que le nom de Penancoët, auquel j’ai ajouté le tréma sur le « e » (c’est un lin d’œil), car il était écrit parfois sans et parfois avec ce tréma.

 

Louise de KEROUAL

(Le texte et les reproductions de tableaux ci-dessous sont issus de sites internet)

Louise Renée de Penancoët de Keroual, duchesse de Portsmouth et d’Aubigny était originaire de Bretagne. Elle fut la maîtresse de Charles II (roi d’Angleterre) pendant une quinzaine d’années, mais aussi l’agent secret de Louis XIV à la cour d’Angleterre.

Saint Evremond disait d’elle : « le ruban de soie qui serre la taille de Melle de Keroualle unit la France et l’Angleterre ».

 

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Un portrait de Louise par Nicholas Dixon en 1672

  

Son enfance :

 

Louise Renée de Penancoët de Keroual est née en septembre 1649, au château de Keroual en Guilers (détruit en août 1944), près de Brest. Elle est la fille de Guillaume de Penancoët de Keroual et de Marie de Plœuc, dont le mariage avait été célébré en 1645. La famille compte deux autres enfants : un garçon né en 1646 et une fille, née en 1655. Les deux époux sont nobles : les Penancoët (nom qui signifie « bout du bois ») sont une importante famille originaire du Léon, les Plœuc appartiennent à la maison de Kergorlay et descendent des comtes de Poher.

Mais les revenus ne sont pas en rapport avec leur rang, et la vie au château est modeste. Louise suit des études au couvent Sainte-Ursule de Lesneven où une de ses tantes est religieuse. L'éducation dispensée aux jeunes filles relève en grande partie du comportement en société.

Remarquée par le duc de Beaufort, grand maître de la navigation, ce dernier lui fait vainement la cour, s'engageant même à ce qu'elle devienne demoiselle d'honneur de Madame, la duchesse d'Orléans et belle-sœur de Louis XIV.

  

De Versailles à Londres

 

La promesse du duc de Beaufort sera tenue post-mortem. En 1668, Louise Renée arrive au château de Versailles pour se mettre au service de la duchesse d'Orléans, qui est aussi la sœur du roi d'Angleterre, Charles II ; elle a 19 ans. Elle est remarquée par le roi, dont l'actuelle favorite est Madame de Montespan ; plutôt que d’en faire sa maîtresse, il juge qu'elle lui sera diplomatiquement plus utile. La jeune Bretonne perd sa réserve, et apprend vite les us et coutumes de la cour. En 1670, à la suite de Madame, elle va à Dunkerque, embarquer pour l'Angleterre.

  

Charles II est roi d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande depuis le 29 mai 1660, il n'a pas vu sa sœur depuis neuf ans. Il a peu de sympathie pour le royaume de France et guère plus pour son souverain. En revanche, il apprécie beaucoup, c'est un euphémisme, la compagnie des dames, ce que Louis XIV n'est pas sans savoir. La réception au château de Douvres est somptueuse, outre l'accueil de sa sœur, la curiosité du roi a été piquée par les propos du duc de Buckingham, au sujet de la nouvelle dame de compagnie.

Les mentalités évoluent, c'est la signature du Traité de Douvres qui rapproche les deux royaumes : Charles II se convertit au catholicisme et fournit des troupes, en échange de quoi, Louis XIV lui verse une rente annuelle de 200.000 livres. En remerciement des cadeaux reçus, la duchesse d'Orléans offre un bijou à son frère et c'est Louise Renée qui doit lui remettre ; posant sa main sur celle de la jeune fille, il aurait dit : « Voilà le seul bijou que je désire ! ».

De retour à Versailles, elle aurait émis le souhait de rentrer au couvent, ce dont on l'aurait dissuadé. Manœuvrée par le roi, elle repart pour l'Angleterre, où elle est attendue à Londres.

  

La favorite royale

 

Logée dans un immense appartement du palais de Whitehall, le roi d'Angleterre vient lui faire sa cour tous les soirs. Du reste, Louise Renée connaît parfaitement les impératifs de sa mission, conseillée par de Croissy, l'ambassadeur de France. Au mois d'octobre 1671, elle est invitée à une réception donnée par la comtesse d'Arlington, en présence du roi et de nombreux invités. Pour fêter l'arrivée du roi, un faux mariage est organisé, mais la nuit de noce a bien lieu. C'est ainsi que Louise Renée de Penancoët de Keroual devient la maîtresse du roi d'Angleterre.

 

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Portrait par sir Peter Lely en 1672

 

Elle est officiellement nommée demoiselle d'honneur de la reine. Louis XIV est informé par son ambassadeur, que son agent a beaucoup de pouvoir sur son amant. En 1672, elle donne naissance à un garçon, Charles Lennox, duc de Richmond (1675).

La mère est titrée duchesse de Portsmouth, comtesse de Fareham et baronne de Patersfield. Elle se voit accorder une pension annuelle de 138 000 livres. Si son influence dure environ une quinzaine d'années, jusqu'à la mort du roi le 6 février 1685, sa position n'a pas été néanmoins sans inspirer des haines farouches.

En 1682, pour la première fois, Louise de Keroualle se rebelle contre l'infidélité du roi qui fait alors sa cour à une autre française, la belle Hortense Mancini. Cette dernière a un neveu, un séducteur fort bel homme, qui vient lui rendre visite à Londres. Il s'agit d'un débauché, le très beau Philippe de Bourbon, chevalier de Vendôme. Ce dernier entame une cour en règle de la duchesse de Portsmouth, et rencontre le déplaisir de Charles II. Malgré l'intervention de ce dernier auprès de l'ambassadeur français à Londres pour que le chevalier retourne en France, Philippe de Vendôme persiste à rester à Londres et continue à rencontrer Louise de Keroualle. Il faudra un ordre du roi Louis XIV pour que le jeune homme consente enfin à regagner Paris.

En 1684 Louis XIV, à la demande de Charles II qui fait valoir que cette terre avait appartenu à ses ancêtres les Stuarts, la fait duchesse d'Aubigny (Aubigny-sur-Nère, petite cité berrichonne en Sologne) et Pair de France. Cette même année, elle fait l'acquisition du Château de Trémazan (Finistère), auquel elle joint les terres de Keroual.

 

Lorsque le roi meurt, Louise de Keroualle est en bon terme avec le nouveau roi James II, qui est catholique comme elle. Mais elle effectue de plus en plus de fréquents voyages à Aubigny, et surtout à Paris.

C'est à Paris en 1688 qu'elle tombe sous le charme encore une fois d'un bel homme qui mène une vie de débauche, Henri de Lorraine, duc d'Elbeuf. Ce dernier est marié à la nièce de Mme de Montespan mais mène une vie des plus dissolues. St Simon qui ne l'aimait pas (comme il n'aimait pas non plus le chevalier de Vendôme, autre soupirant de Louise) dit de lui : "c'était un homme dont l'esprit audacieux se plaisait à des scènes éclatantes, et que sa figure, sa naissance et les bontés du roi avaient solidement gâté". La relation se termine bientôt, les douze ans d'écart de Louise avec le duc d'Elbeuf y étant peut-être pour quelque chose, de plus l'infidélité de celui-ci lui rappelait trop de mauvais souvenir.

Après ce triste épisode, Louise de Keroualle consacre le reste de sa vie à une vie mondaine à Paris (elle joue énormément), et une retraite dans sa campagne berrichonne lorsque l'argent se fait rare.

Après avoir résidé au château de La Verrerie, « la bonne Dame d'Aubigny », comme l'appelait les habitants, meurt à Paris, rue des Saints-Pères, le 14 novembre 1734, ayant perdu une partie de sa fortune.

  

Témoignages sur Louise de Keroualle

 

Les témoignages de l'époque suggèrent une chevelure claire (elle portait sur ses portraits une perruque brune) ; elle a un visage enfantin "a baby face" (comme le soulignera Samuel Pepys). Elle est grande avec une taille "charmante" (sous entendu un peu forte).

Forneron écrit dans son livre sur Louise :

"ce prince [ Charles II ] trouva du charme dans la conversation de cette blonde qui paraissait douce et triste...", plus loin, à propos d'un incident survenu " l'œil resta plusieurs jours fort noir, ce qui fit dire par des plaisants sans pitié qu'elle voulait cesser d'être blonde et avoir les beaux yeux noirs de madame Mazarin".

Un courtisan écrit : "Je viens de la voir, cette fameuse beauté. C'est à mon avis une figure de petite fille, une figure naïve, enfantine".

Nell Gwynn, sa plus grande rivale à la cour d'Angleterre, la surnomme "Squintabella" (la belle qui louche) à cause d'un léger strabisme à l'œil, Charles II lui donnera le petit nom de Fubby (fubb = grassouillette).

  

Louise de Keroualle et Aubigny sur Nère

 

Sous le règne de Louis XIV , la ville d'Aubigny-sur-Nère (Cher) est érigée en duché pairie au bénéfice d'une femme au destin étonnant, Louise de Keroualle duchesse de Portsmouth et d'Aubigny-sur-Nère. Cette jeune bretonne d'une grâce et d'une beauté éblouissantes était l'agent de la diplomatie de Louis XIV à la cour de Londres. Maîtresse du roi d'Angleterre, elle devint un des personnages les plus puissants d'Europe "presque reine d'Angleterre". Pour la remercier des services rendus à la cause royale, Louis XIV fit de Louise une duchesse et lui offrit la seigneurie d'Aubigny-sur-Nère.

Le château de la Verrerie dont l'actuel propriétaire est x x fut la propriété de Louise de Kéroualle, duchesse de Portsmouth, de 1672 à 1734. Le Château de la Verrerie est un joyau de la Renaissance édifié par Bérault Stuart au bord d'un grand lac entouré de forêts. Ce lieu recèle des sentiers où Alain Fournier, l'auteur du Grand Meaulnes, aimait se promener. Il fut la propriété des Stuarts pendant deux siècles puis Louis XIV l'offrit à Louise de Kéroualle. Les ducs de Richmond et d'Aubigny-sur-Nère, descendants du fils que Louise de Keroualle eut du roi d'Angleterre Charles II, jouèrent un rôle important dans l'introduction de la franc-maçonnerie en France. Montesquieu lui-même fut initié dans la loge d'Aubigny-sur-Nère.

Le château des Stuarts (actuellement hôtel de ville) commencé par Robert Stuart au XVIè siècle, remanié et embelli par la duchesse de Portsmouth, se composait autrefois de deux ailes reliées entre elles par un pavillon d'entrée. De l'édifice primitif, il ne reste plus guère que la façade. En visitant, on pourra admirer les tapisseries d'Aubusson offertes par Louis XIV à la duchesse de Portsmouth.

Sources:
- personne: o guionneau, S.Fourlinnie- C.Maubois (article wikipedia et iconographie, site internet "www.gwiler.net", site internet "Glennere", "Louise de Keroualle" de M.de Huertas et "Louise de Keroualle" de H. Forneron,)28.05.2009, J-C de Vaugiraud (Anselme V, p. 919 à 950) 03/02/2010

 

Sur le site dont l’URL figure ci-dessous, vous trouverez un grand nombre de reproductions de portraits ainsi que des documents sur les lieux de vie de Louise de Keroual, tant en Angleterre qu’en France.

 

http://roglo.eu/roglo?lang=fr;i=889542

 

 

numérisation0001 

Les ruines du  château de Trémazan vers 1961 (Collection privée MLB)

   

 

 

 Brest, le 6 juin 2011

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